7. Joggy est enjoint à la compétition

« Tu fais la Thoracique, Joggy ? »

Je crois que je puis passer le reste de mes jours à leur dire que je m’appelle Jean-Guy, ils sont ‘indécrottablement’ braqués sur la course à pied et ce surnom leur sied plus qu’à moi !

« Qu’est-ce que c’est ? Une cage je suppose… »

« Ben non, c’est la nouvelle course du club vu qu’elle compte 12 côtes. C’est celle qui remplace les Bosses ».

« Faire le boss, pourquoi pas, mais les bosses est-ce une histoire de chameau? »

« Eh Joggy, tu ne connaissais pas les  ‘Bosses de la Houssière’ ?  Une course où il y avait pas mal de côtes  ! Et tout dans le bois ! » .

« Les Bosses fort dures ? »

S’ensuivit un long exposé technique sur le parcours, avec les surnoms locaux pour les côtes. Cela a sacrément durcit notre entraînement et j’ai pris goût aux pentes. Mais la chaleur ? Faire « compét’ » en juin, c’est prendre le risque des tasses à l’eau thérapies.

Dans le bois, la plante des pieds n’a pas de racine : on ne lui en laisse pas le temps ! Ce décor vert, écrin précieux dans lequel nos poumons s’oxygènent, est partagé lors de cette compétition. Et quand la chaleur est là, l’ombrage nous procure une délicieuse fraîcheur. Quel pied cette course sous couvert vert.

Ce n’est pas pour ça qu’il n’y aura pas un ravitaillement à l’eau claire dans nos contrées, certifié même pas tenté par le doping qui agit comme un coup de fouet que tu reçois pour battre.. les autres.

Cela n’a pas cours en course à pied, un sport où l’argent n’a pas encore fait trop de dégâts. Stoppez vos sarcasmes : laissez-moi ma naïveté de débutant !

Montée dans le bois de la Houssière

Avez vous déjà remarqué que lorsqu’on se donne du mal on se fait du bien ? Parce qu’on a dur, mais parfois aussi parce qu’on passe près d’un nid de guêpes.

Ce qui était le cas aujourd’hui ! Les courses nature ont leurs revers les tempes bourdonnent parfois, mais les essaims aussi ! On parle d’une taille de guêpe. Le désuet ‘guêpière’ avec ses lassants lacets faisait-il ressortir l’essaim ?

Ouf, passage sans piqûre, nous avalons les bosses à un rythme effréné. Devant moi, Alex qui avait dit : « Je suis rentré cette nuit, à une heure du matin… ». La phrase est correcte, mais bizarre aussi. Et on ne dit jamais « Ce matin, à une heure de la nuit… ». Et il est devant moi qui suis allé me coucher à 22h !

Lors de cet entraînement sur site, je tente un sprint final avec un cœur à 190 pour gagner…une place. Nous organiserons la compétition, donc pas de participation pour nous.

« Si tu n’es pas dégoûté après cette course, tu es bon pour en faire quelques autres ! ». La seule chose que je goûte, c’est la joie de l’effort accompli. Ça y est, je suis accro.

A l’après-course, Micky analyse sa montre de géomètre. « Ils annoncent 12km, j’en ai 11,95 : l’erreur est juste ». « Tu as raison », dit Marcel, « C’est juste une erreur ». A les entendre je comprends mieux pourquoi on parle de justice quand on désigne les tribunaux. L’erreur aussi y est relative…

« Au fond », dit Marcel, « Tout est dans tout et inversement ».

« Ah non ! », dit le grand mince,  « Ainsi ‘vite’ se dit rapidement, mais ‘rapidement’ ne se dit pas vite »

« ……. »

Comme le dit l’employé du cimetière devant sa terre rase sans fosse ou ailleurs : il y a une bière bien fraîche pas loin, mais c’est pour l’après-course ! Certains sont dans les starting blocks, nous on est plutôt arrival débloquent.

Allez, la philosophie du dimanche pendant que l’on refait le monde en disant des bêtises, à la terrasse de Torine, ça aussi cela fait partie de la course à pied !

J.Air

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