A votre santé!
Ou comment dire des choses sérieuses avec légèreté!
S’il y a bien un bobo que parviennent souvent à éviter les joggeurs de la Houssière, c’est la périostite tibiale. Ouf ! Vive le sport santé ! Mais ce n’est pas une raison pour passer ce souci sous silence ça c’est sûr.
Un minimum d’anatomie de l’os est nécessaire pour comprendre et éviter le problème.
La partie extérieure d’un os, tel que le tibia, est recouverte d’une membrane : le périoste. Du moins là où il n’y a pas de cartilage. Et cette membrane est composée d’une couche fibreuse, un tissu conjonctif qui contiendra des vaisseaux sanguins et des nerfs qui traversent les os. C’est quand on se casse un os que l’on se rend compte qu’il y a des nerfs dedans !! Ça fait bien mal.
Si on vous parle de ce périoste, c’est parce qu’y viennent s’attacher les ligaments et les tendons !
S’il est solide, l’os est aussi (légèrement) flexible : le collagène et les sels calciques forment un tout dont la chimie varie avec l’âge. Tous les jours de notre vie, le tissu osseux est continuellement détruit et remplacé par du tissu osseux neuf. Ce remaniement osseux continuel permet à l’os de se réparer, de se densifier selon l’utilisation.
Un joggeur aura les os bien plus denses qu’un sédentaire et encore plus denses qu’un astronaute (qui peut perdre jusqu’à 1% de masse osseuse par semaine). Comme il est en apesanteur, il ne sait plus soumettre ses os à une activité sportive intense. Nous oui, c’est pour ça qu’il est important de bouger, de jogger ! Attention cependant, ceux qui pratiquent des marathons et autres long trails risquent, à l’inverse, d’entamer leur potentiel « calcium-magnésium » contenu dans les os et donc d’entamer leur masse osseuse.
Avec l’âge, on détruit un peu plus d’os qu’on en reconstruit, c’est l’ostéoporose… qui est très ralentie chez ceux qui font du jogging à la lumière du jour (quinze à trente minutes sous les UVB émis par le soleil : quel pied) !
D’ailleurs, il n’y a pas que les os que l’on fortifie en courant à l’extérieur : il y a son moral (cherchez ‘luminothérapie’ par votre moteur de recherche favori) et l’on produit la vitamine D, qui aide à la reconstruction de vos os et augmente la force musculaire. Et vous voudriez arrêter de courir à la lecture de la rubrique des bobos ?
Il est temps de décrire cette périostite qui est l’inflammation du périoste et donc de la zone extérieure de l’os. Inflammation qui se fera surtout sentir chez le joggeur là où les tendons tirent dessus de manière un peu trop forte. Petit arrachement, saignement, gonflement, voilà le processus inflammatoire en route !
Quels sont les symptômes d’une périostite tibiale ?
Lorsque les efforts sont anormaux ou très élevés, le fait de faire tirer de manière répétée ou violente vos tendons sur cette membrane qui recouvre les os peut déclencher cette réaction inflammatoire , quasi essentiellement située sur le tibia chez les joggeurs. Une douleur est alors ressentie le long de ce tibia, à froid, ou lorsque le rythme est lent. Cette douleur est assez vive à la palpation et sur plusieurs centimètres, plus ou moins au milieu du tibia et plus souvent sur la face interne. Si l’on divise le tibia en trois, c’est surtout au bas du deuxième tiers. Dans certains cas, des nodules apparaissent sur le tibia.
Comment en arrive-t-on à une périostite ?
L’origine est souvent mécanique : instabilité de la cheville (terrain bosselé, course dans le sable, chaussure inadaptée), pied plat, accélérations trop violentes, utilisations particulièrement longues des tendons (le corps n’a pas eu le temps de s’adapter à l’augmentation d’entraînement) surtout en début de saison, quand on augmente (un peu trop vite) ce volume d’entraînement..
Une autre origine peut être trouvée par l’accumulation de deux sports (danse, basket, boxe, sauts, ski, roller, jogging). Si vous êtes en surcharge pondérale, le risque est plus élevé d’arracher des petits morceaux de périoste et de lancer ces douloureux processus inflammatoires.
La fracture de fatigue peut parfois être confondue avec une périostite. Ne vous étonnez pas si une scintigraphie est prescrite. C’est pour vérifier ce point-là.
Que faire pour soigner cette périostite ?
Préambule : ce n’est pas un article qui établit les diagnostics ! Une fois l’avis médical posé, voici quelques pistes. Mais retenez ceci : au plus vite la périostite est prise en charge, au mieux c’est !!
L’idéal est d’immédiatement modifier l’entraînement. Souvent en le diminuant drastiquement ! Rarement jusqu’au repos ou alors quelques jours.
Ensuite :
Compresse de froid : une quinzaine de minutes, 3 à 6 fois par jour, sur la zone douloureuse.
Des ondes de choc dispensées par un kiné, si nécessaire.
Hors de la phase aiguë : les étirements (qui ne peuvent augmenter ou réveiller la douleur). Travail proprioceptif (avec un plateau de Freeman, en se tenant en équilibre sur une jambe, etc..).
Si besoin, un taping lors de la reprise pour vous sensibiliser à la problématique..
Remède doux : la curcumine. Soit en pilule, soit une cuillère à dessert de curcuma râpé dans un poêlon avec une tasse d’eau. Portez à ébullition. Dès celle-ci atteinte, versez le mélange dans votre tasse en filtrant avec une passette. Attention, cela tache ! Certains ajoutent du gingembre pour corser et du miel pour adoucir ! Le curcuma a un effet anti-inflammatoire.
Mais le mieux est de connaître l’origine de cette périostite pour s’en débarrasser, parce qu’elle est souvent récidivante ! Analyse de la foulée, de la posture, de la chaussure (êtes-vous passé à la chaussure ‘minimaliste’?), des habitudes alimentaires, de l’hydratation, du volume d’entraînement, excès de piste en tartan ou de plage, de la répartition de cet entraînement en corrélation avec vos autres activités..
Et vous vous rétablirez ! On apprend de ses erreurs… et de la lecture des articles !
J. Air