A VOTRE SANTE
Ou comment dire des choses sérieuses avec légèreté !
Une spécialiste des échographies nous confiait que la pathologie n°1, selon elle, chez le joggeur est la tendinite du tendon d’Achille. Depuis l’antiquité, tout le monde sait que c’est un point faible, hélas Styx. C’est aussi un point fort ! Imaginez la masse qui est au-dessus de ce tendon (vous, cher lecteur) et en plus on lui demande de transmettre la force nécessaire à propulser cette masse un bon mètre plus loin ! Il est donc fort résistant et fort tendu ce tendon.
Entre flexion et extension, la nature a prévu des procédures complexes pour que tout se passe de façon harmonieuse. Le tendon coulisse, les os se meuvent sans heurts, les muscles exercent les tensions et, magie-magie, le joggeur jogge ! Et le tendon tout joyeux se fixe au muscle d’un côté et à l’os de l’autre. Et lui-même s’étire, se gonfle, se rétracte au gré de vos enjambées.
Le tendon, par la présence de capteurs de mesure de tension, joue même un rôle dans la contraction musculaire. Quelle belle mécanique !
Par contre, dès qu’il y a un souci dans la posture, dès qu’il y a une lésion, globalement, l’articulation va dysfonctionner. Pour soigner le bobo qui va arriver, il y a plusieurs stratégies que nous verrons plus loin.
L’origine est souvent due à des facteurs connus et évitables :
- l’absence (ou insuffisance) d’échauffement,
- une course sur sol meuble: sable, neige ou tartan,
- un parcours trop long,
- un manque d’hydratation ou trop d’acide urique dans le sang,
- le port de chaussures usées ou inadaptées (ou de hauts talons en journée, Mesdames),
- le port d’une jambière serrant trop la cheville.
Êtes-vous irréprochable ? Oui ? Alors il ne faut pas lire la suite !
Ah oui : on ne sait pas encore l’expliquer scientifiquement, mais nombreux sont les thérapeutes qui ont constaté que l’apparition d’une tendinite allait parfois de pair avec une carie dentaire. A dent cariée, tendon avarié ? Le futur dicton du XXIIème siècle, peut-être !
L’équipement du tendon prévoit des bourses conjonctives qui favorisent le glissement, mais aussi d’un emballage général qui sert à maintenir les différentes parties du tendon : la gaine du tendon. Et là où il y a de la gaine, il peut ne pas y avoir de plaisir ! Outre les soucis énoncés plus haut à l’origine des problèmes, malheureusement, le vieillissement de la fibre collagène des tendons va favoriser également l’apparition de ces réactions inflammatoires que sont les tendinites ou pire, les tendinoses. La tendinite, c’est une inflammation, mais il y a beaucoup d’autres raisons d’avoir mal au tendon d’Achille, c’est pourquoi notre titre est plus global : la tendinopathie, qui recouvre aussi ces deux termes.
Quels sont les signes ?
Douleur à la palpation (sensation d’écraser de l’ouate), douleur à l’étirement passif (s’accroupir en gardant les talons au sol est douloureux), douleur à la contraction (descendre un escalier).
Quels sont les stades ?
+ Les fibres collagènes sont éloignées entre elles et un œdème se forme : le tendon est gonflé et douloureux.
++ Le tendon peut aussi être fissuré dans sa longueur.
+++ Par la suite il peut présenter des nodules : des microruptures ont été réparées et ne sont pas dans l’axe ou sont encombrées de dépôts calciques.
++++ La tendinose est la nécrose du tendon plutôt rare chez les sportifs jeunes, plus fréquente chez les personnes âgées. Elle peut provoquer des douleurs chroniques voire une rupture de ce tendon. Une échographie permet de voir le gonflement du tendon ou la rupture de celui-ci.
« Bonus » pour tous les cas de tendinopathie: si la douleur est aussi située à la base, une bursite peut également venir « agrémenter » la situation !
Que faire ?
Préambule : si vous n’avez pas déterminé l’origine de cette tendinite, vous risquez fort de revenir souvent lire cette rubrique !
Au tout début, trois jours de repos, avec chaque fois de la glace (matin-midi-soir), une compression et une surélévation. Éviter les antidouleurs puisque la douleur est un signe d’alerte et qu’il faut chercher les positions antalgiques (ce qui n’est pas une station touristique turque) pour soulager le tendon. Une semaine devrait suffire.
Ensuite, si le mal existe depuis plus longtemps, le kinésithérapeute va devoir intervenir suite à votre visite chez le médecin : étirements, parfois des ondes de chocs électriques (rarement plus de 5 séances) s’il faut ré-écarter les fibres là où un nodule s’est installé, voire certaines séances de crochet.
Le maintien d’une très faible activité sportive permet souvent que la réparation de ces fibres (but de ces ondes de chocs) se fasse dans l’axe et d’éviter qu’un nodule ne se reforme, ce qui entraînerait une récidive.
Et ne cherchez pas à progresser plus vite qu’un autre en ayant oublié de lire les termes « très faible activité » dans le paragraphe ci-dessus.
Il faut quelques semaines si vous en êtes là ! Négociez avec votre kiné pour vos reprises sportives, car pour éviter les ennuis, il va d’abord, par prudence, préconiser le repos ! C’est fachille à dire, en tendon nous. Pas de reprise sur sol trop meuble (voir plus haut), ni trop chaud. N’oubliez pas le dentiste si besoin…
Certaines injections d’acide hyaluronique ou de plasma riche en plaquettes (PRP) qui provient de votre propre sang, sont proposées par les médecins sportifs si les séances de kiné n’ont pas apporté d’amélioration suffisante.
Un conseil majeur : la chirurgie est à éviter au maximum ! Elle est inévitable en cas de rupture, bien sûr ! Difficile de résister à la faculté, mais un plâtre ne va que très rarement arranger les choses, va vous entraîner dans un long processus et peut même créer un autre souci ! Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. Cette leçon vaut bien un fromage sans doute ! Ah ! La Fontaine, je ne boirai plus que de l’eau !
J.Air